Aide Publique au Développement, Dette : reconstruire les relations Nord-Sud
Jeudi 25 janvier 2007 - 20h30
Grézieu le Marché - salle de l'ancienne Mairie
Conférence-débat
Redéfinir des relations internationales qui placent l'Homme au centre des préoccupations
Thème de la soirée
Cette soirée sera l'occasion de faire un état des lieux des relations Nord-Sud en donnant des clefs pour comprendre comment la Dette du Tiers Monde a été contractée et pourquoi il faut faut annuler cette dette considérée comme « odieuse » et « illégitime », et comprendre aussi ce qu'inclut l'Aide Publique au Développement et comment il faudrait la réformer.
Le constat initial est la contradiction entre le discours des pays du Nord et la réalité des pays du Sud :
d'un côté le discours des pays du Nord et en particulier de la France sur le sujet sont chaleureux, empreints de respectabilité et de générosité : on annonce tous les ans des augmentations de l'Aide Publique au Développement, le G8 annonce des annulations de Dette pour les Pays Pauvres Très Endettés, Jacques Chirac crée une taxe sur les billets d'avion ...(cf article « Unitaid pour quoi faire ? » par D.Millet)...
d'un autre côté les conditions de vie dans les pays du Sud stagnent voir régressent, et pour cause : la part des budgets des Etats d'Afrique consacré au remboursement de la Dette est toujours aussi importante (38% en moyenne entre 1992 et 1997), moins de 10% de l'Aide Publique au Développement sont réellement utilisés pour développer les services sociaux de base (eau, alimentation, santé, éducation)
Une étude critique de ces deux leviers des relations Nord-Sud est nécessaire afin de faire de nouveaux choix politiques permettant un réel développement des pays du Sud au service des populations et non au profit d'un petit nombre comme c'est le cas actuellement.
Intervenants
Denise MILBERGUE et Jean-Jacques LACROIX du CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-monde)
André FINE de l'association Survie
Présentation des associations
Survie
Survie est une association qui mène des campagnes d'information et d'interpellation des citoyens et des élus pour une réforme de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-Sud.
L'engagement de Survie repose sur un constat : Les problèmes de développement et la pauvreté dans les pays du Sud ont avant tout des causes politiques. C'est donc dans le champ politique qu'il faut agir.
Survie a 3 objectifs :
La réforme de la politique française de coopération
Survie milite pour le démantèlement de la « Françafrique » (entendez «France-à-fric», le volet occulte de la politique de la France en Afrique) et pour l'établissement de relations franco-africaines équitables, transparentes et démocratiques
.
La lutte contre l'impunité et la banalisation du génocide
Survie milite notamment pour que toute la vérité soit faite sur l'implication de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. La promotion des biens publics mondiaux
Survie milite en faveur de l'accès de tous, au Nord comme au Sud, aux biens publics (santé, alimentation, justice, etc.).
L'objectif premier du CADTM - son angle d'attaque - est l'annulation de la dette extérieure publique des pays de la Périphérie (Tiers Monde et ex-bloc soviétique) et l'abandon des politiques d'ajustement structurel imposées par le trio Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Organisation mondiale du Commerce (OMC). Il s'agit de mettre un terme à la spirale infernale de l'endettement et de parvenir à l'établissement de modèles de développement socialement justes et écologiquement durables.
Pour le CADTM, l'annulation de la dette extérieure publique des pays de la Périphérie n'est cependant pas une fin en soi. Elle est bien davantage un moyen, une condition nécessaire mais non suffisante au développement véritablement durable et socialement juste qu'il s'agit de promouvoir, tant au Sud qu'au Nord de la planète.
Objectifs et revendications
Le CADTM se fixe quatre missions principales :
Proposer une analyse approfondie des origines et des conséquences de la dette de la Périphérie et des possibilités techniques et politiques de son annulation ;
Elaborer des alternatives de financement du développement humain et de transformation radicale de l'architecture institutionnelle et financière internationale ;
Définir les étapes menant à la garantie universelle des droits fondamentaux ;
Renforcer les mouvements sociaux et les réseaux citoyens aux niveaux national et international et interpeller les représentants politiques à chacun de ces niveaux.
La fédération Peuples Solidaires est une association de solidarité internationale née en 1983 de la fusion entre deux mouvements : le Mouvement 1% Tiers-monde pour un Développement Solidaire (créé en 1974) et l'Union des Comités pour le Développement des Peuples - UCODEP (créée en 1972).
Peuples Solidaires fédère des adhérents individuels et des groupes locaux qui souhaitent agir pour un "développement solidaire de tous les peuples". Elle regroupe 80 associations locales, 300 adhérents individuels et 7 500 personnes participent aux campagnes de son Réseau Solidarité.
Quatre axes forts caractérisent l'action de Peuples Solidaires :
Partenariats
Actions de formation et d'accès au crédit des communautés du Sud, d'appui aux initiatives économiques, de développement rural, de scolarisation... partenariats avec des organisations d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie.
Droits économiques, sociaux et culturels
Peuples Solidaires milite pour mettre l'économie au service de l'homme : cela passe par la promotion d'échanges Nord-Sud plus équitables, l'annulation de la dette, la réforme des Institutions financières internationales, la Responsabilité sociale des entreprises... La fédération agit notamment par le biais des campagnes de lettres de son Réseau Solidarité qui défendent des hommes et des femmes du Sud dont les droits économiques, sociaux et culturels sont bafoués.
Education à la citoyenneté internationale
Pour que nos concitoyens perçoivent l'urgence qu'il y a à construire un monde solidaire, le travail de sensibilisation et d'éducation à mener est essentiel. Enfants, jeunes, adultes... Peuples Solidaires s'adresse à tous les publics. La fédération co-édite Altermondes, revue de la solidarité internationale, publie des livres et outils pédagogiques, organise des formations, et participe à des campagnes nationales d'informations et de mobilisations.
Fédéralisme
Notre fédéralisme, c'est la rencontre d'adhérents individuels et d'associations autonomes pour mettre en commun les idées, jouer des complémentarités. C'est aussi permettre à chacun de se dépasser, de s'unir pour peser dans les débats liés à la mondialisation. Les militants s'impliquent dans les commissions de travail, les réseaux et les instances nationales. Le travail en commun avec d'autres organisations est un principe de la fédération. Les groupes locaux participent aux coordinations régionales, la Fédération est membre fondateur du Crid (Centre de recherche et d'information sur le développement) et s'investit dans de nombreux Collectifs tant au niveau national qu'international.
Actions, projets, partenariats des associations en lien avec ce thème
Ces associations co-organisatrices de la soirée participent à la campagne « Etat d'urgence planétaire : votons pour une France solidaire » du CRID (Centre de recherche et d'information pour le développement) sur les élections présidentielles et législatives en 2007.
L'objectif de cette campagne d'opinion est de mettre la solidarité internationale dans le débat public à l'approche des échéances électorales grâce à la mobilisation de ses organisations membres et de leurs militant(e)s, et d'inciter les partis politiques à intégrer ces questions dans leur programme. Pour plus d'information sur cette campagne, consultez le dossier sur le site du CRID : http://www.crid.asso.fr/spip.php?rubrique59
Survie France, le CADTM et le CRID participent aussi avec 24 autres organisations et syndicats à la plateforme Dette et Développement. Cette plateforme a pour objectif de faire le lien entre dette et développement en travaillant à la promotion d'une solution définitive à la question de la dette des pays du Sud.
http://www.dette2000.org
Pour faire un lien avec les autres soirées du Forum...
La prise en compte de la dimension politique internationale est nécessaire dans tous les thèmes abordés lors du Forum. En effet, il est impossible de lutter uniquement au niveau local. Il faut aussi s'assurer que le développement des pays du Sud permet aux populations de défendre les mêmes causes. Pour faire un parallèle avec quelques soirées du Forum:
la lutte pour la protection de l'environnement doit être mondiale : la mise en place de normes environnementales au niveau Français et Européen ne suffit pas si la situation politique des pays du Sud et l'absence de justice internationale permettent de les contourner. Pour ne prendre qu'un exemple, le déversement de déchets toxiques à Abidjan fin Août a été rendu possible par la corruption de certains fonctionnaires locaux (conséquence du mal développement) mais aussi par l'opacité créée par les montages financiers et juridiques (sociétés écrans ayant pour but de masquer l'origine des déchets et l'identité des donneurs d'ordre qui sont les vrais coupables)
la réflexion sur les moyens de déplacement et l'énergie que nous utilisons ne peut être dissociée de la réalité à laquelle sont confrontés les pays d'origine des ressources naturelles (pétrole, gaz, ...). L'affaire ELF a révélé certaines pratiques du milieu de l'extraction du pétrole, qui montrent que l'exploitation des ressources non seulement ne bénéficie pas aux populations locales mais est souvent pour elles une malédiction (destruction des terres arables, expropriations avec des compensation dérisoires ou nulles, voire exactions diverses). Et il ne s'agissait là que d'une petite fraction de la partie immergée de « l'iceberg des relations Françafricaines ».
l'augmentation du nombre des demandeurs d'asile ne devrait pas seulement nous inspirer la question sur la façon de les accueillir mais plutôt pourquoi fuient-ils leur pays ? C'est bien souvent pour des raisons politiques et économiques que des hommes et des femmes font le choix du déracinement. D'autre part, il faut savoir que l'envoi d'argent par les migrants vers les pays en développement dépasse le montant de l'Aide Publique au Développement (respectivement 126 et 78 Milliards de dollars en 2004).
Enfin la campagne « l'OMC en pire », de même que la promotion d'un commerce équitable rejoignent complètement la critique de l'Aide Publique au Développement, car cette Aide paraît être une compensation bien partielle (d'autant que mal utilisée) du pillage que le Nord effectue dans les pays du Sud. Cette Aide serait inutile si les règles du commerce international assuraient un revenu et un niveau de vie digne aux pays producteurs et à leurs populations.
Quel que soit le thème, on peut appliquer cette vision «globale» pour créer un lien entre les causes à défendre. Ceci permet de réaliser que lutter pour le développement politique et économique des pays du Sud, ainsi que pour une justice et une transparence internationale, c'est agir aussi dans l'intérêt des populations du Nord.
Comment agir ?
Une des questions qui revient le plus concernant la problématique des relations Nord Sud est celle des moyens d'action.
La première des solutions est de s'informer afin de mieux comprendre les enjeux des relations Nord-Sud, les obstacles au développement... On peut ensuite relayer l'information autour de soi en participant aux campagnes initiées par les associations :
signer les pétitions
participer aux manifestations et évènements
assister aux débats
interpeller les représentants (députés, élus locaux,...) pour peser sur les décisions politiques
Ces actions peuvent paraître dérisoires mais c'est en étant nombreux à y participer qu'elles trouvent leur sens.